Les TOCS : comment les soigner?

Les tocs

La compréhension des troubles obsessionnels-compulsifs évolue, leur prise en charge aussi. Depuis quelques années, la stimulation cérébrale s’annonce comme une nouvelle piste spectaculaire. Et la psychothérapie et les thérapies de type comportementale dans tout ça ?

Lors d’une étude réalisée portant sur plus de 800 sujets réalisée par le Professeur de psychiatrie à l’université Paris-VI à la Pitié-Salpêtrière, Il y aurait deux sortes de tocs :

- Des tocs neuropsy

Les troubles seraient précoces et progressifs, entre la fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte. Suivant des essais sur des patients ceux-ci ont été totalement ou partiellement guéris par de nouveaux types de stimulation cérébrale qu’il s’agisse d’implants cérébraux (l’implantation d’électrodes dans le cerveau profond) ou de stimulation magnétique transcrânienne qui consiste à appliquer une impulsion magnétique sur l’encéphale à travers le crâne de façon totalement indolore, à travers une bobine. La variation rapide du flux magnétique entraîne un champ électrique qui modifie l’activité des neurones situés dans le champ magnétique.

- Des Tocs psychologiques

Les troubles seraient plus tardifs, paraissent réactionnels, post-traumatiques, très soudains, à la suite d’un événement de vie. Une approche de type comportementale est alors plus adaptée. Ces troubles peuvent aussi apparaître précocement après un choc émotionnel

« TOCs ?

Comme son nom l’indique, le trouble obsessionnel-compulsif articule obsessions et compulsions : Les obsessions sont des idées obsédantes, c’est-à-dire des pensées anxieuses qui se caractérisent par leur excès et même leur absurdité. Nous avons tous des pensées obsédantes, notamment à l’issue d’une journée fatigante : mais dans le TOC, ces obsessions prennent un caractère incoercible, permanent, répétitif, et entraînent des difficultés d’adaptation sur le plan social.
Les compulsions sont des comportements conjuratoires que le sujet se sent obligé d’accomplir, même s’il en reconnaît le caractère absurde, en réponse aux obsessions.
Le comportement, excessif et inapproprié, ne permet pas de répondre au contenu de l’obsession, et va même à l’encontre de ce qu’il se propose de réparer. Par exemple, se laver les mains plus de 30 fois ou pendant cinq heures abîme la peau, pourtant une protection contre une agression externe : loin de détruire les microbes, le lavage finit par favoriser leur pénétration. Obsessions et compulsions sont indissociables : la compulsion atténue très temporairement l’anxiété, mais au final ne fait qu’accentuer la survenue de l’obsession. C’est un cercle vicieux.

Il existe plusieurs types de TOC.

Environ 40 % des sujets sont obsédés par la pureté, la propreté, et manifestent donc des compulsions de lavage. 40 % sont envahis par le doute, se demandant s’ils ont bien réalisé un acte précis, d’où des rituels de vérification. D’autres encore sont préoccupés par des idées de symétrie, d’ordre, de ritualisation des comportements (comptage, manipulation…). Récemment pointés par le DSM-5 (voir le dossier du Cercle Psy n°9), figurent aussi les individus atteints de « philogomanie », collectionneurs de choses inutiles qu’ils accumulent à leur domicile. Enfin, certains sujets souffrent d’obsessions impulsives : ils se demandent ce qui se passerait s’ils commettaient un geste particulier, comme mettre les doigts dans une prise électrique ou s’introduire un stylet dans l’oreille jusqu’au tympan… À force de tester leurs limites, ils peuvent en arriver à l’accident.

80 % des TOC non traités présentent une pathologie dépressive associée, mais aussi d’autres troubles anxieux comme la phobie sociale, le trouble anxieux généralisé, ou des troubles dits du spectre obsessionnel-compulsif (manie, troubles alimentaires, ou dysmorphophobie, quand la personne est persuadée qu’un élément de son corps est quasi monstrueux…). Le TOC peut aussi se voir associé au syndrome de Gilles de la Tourette ou encore à un profil schizophrénique.

Les TOCs touchent aussi bien les hommes que les femmes (bien qu’elles soient souvent affectées plus tardivement, lors de l’adolescence), quelle que soit leur catégorie socioprofessionnelle. Selon les études épidémiologiques, la prévalence des TOC oscille entre 1,5 et 2,5 %, voire 3 %. On en trouve dans d’autres cultures : l’équipe de Bruno Millet-Ilharreguy a par exemple réalisé une étude en Turquie qui a montré une grande prévalence du trouble, bien qu’avec quelques manifestations différentes liées au contexte culturel. »

Jean-François Marmion

Bruno Millet-Ilharreguy est le pionnier français de la stimulation cérébrale pour lutter contre le trouble obsessionnel-compulsif. Il est l’auteur de Mieux soigner les TOC. Les promesses de la stimulation cérébrale (Odile Jacob, 2015)

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